Pour un comparatisme entre les arts

Translated title of the contribution: For a comparatism between arts

Peter Dayan

Research output: Chapter in Book/Report/Conference proceedingChapter

Abstract / Description of output

"Ni tout à fait apocalyptique ni intégrée, la littérature comparée est peut-être la seule discipline qui nous permette,
englués comme nous sommes dans une iconosphère globalisée de plus en plus envahissante, de mettre véritablement à distance l’effet-chaos dont s’accommodent autant les industries culturelles que leurs panégyristes médiatiques (voire académiques). Par son interdisciplinarité constitutive, son caractère interculturel et sa méthodologie éclectique, elle peut cerner, dans le totum revolutum de l’hyperconsommation culturelle contemporaine, le sens caché des réécritures « virales » des grands axes de la culture du passé. C’est elle, plus que tout autre, qui tend le pont entre cette monumentale panique contemporaine des zombies et les grandes peurs du passé, entre l’esthétique du cumshot pornographique et la tradition scripturale libertine ou entre le comique aristophanesque et la satire plautinienne réconciliées et dépassées dialectiquement dans les Simpsons, Family Guy ou South Park (et ne faudrait-il pas ajouter Bob L’Éponge, résolument carnavalesque?). C’est elle qui nous montre la voie qui mène du « réalisme magique » homérique ou gogolien au morphing des blockbusters fantastiques qui inondent nos grands et petits écrans ; le chemin qui de l’Enfer concentrique de Dante mène à Futurama.
Seule la Comparée est à même de relier le Même et l’Autre, le proche et le lointain, le global et le local, le présent et le passé.
Des cycles de contes d’Anansi l’araignée au Ghana aux épopées animalières des cartoons états-uniens, des décapitations épiques médiévales à celles des mangas cyberpunk, de Balzac à Mad Men ou de Game of Thrones aux tragédies dynastiques de Shakespeare, l’unique route fiable qui transite (au-delà des boutades et des imprécisions journalistiques, qui font, on le sait, des mauvaises feuilles de route) est celle de cette discipline foncièrement paradoxale. Et paradoxale elle l’est à plus d’un titre, à la fois solidement ancrée dans la tradition classique et dans sa contestation moderne puis post-moderne, attachée à parts égales à ses objets les plus disparates et éloignés, amoureuse pour autant de cultures disjointes et parfois même opposées par leurs Weltanschauungen respectives, voire, plus dramatiquement, par des conflits sanglants passés ou présents.
Consacré nolens volens à l’exploration de l’impureté, que ce soit en violant l’intégrité des espaces et des crédos nationaux ou celle des arts, des médias et des sphères culturelles, le comparatisme a toujours et surtout exigé cette grande ouverture
d’esprit qui avait fait, il nous semble, les heures de gloire de cette discipline, de Schlegel à Otto Maria Carpeaux ou Claudio
Guillén, et que l’on retrouvait dans ces nombreux compagnons de route qui ont suivi son appel, de Camus à Octavio Paz
(L’homme révolté et Los hijos del limo étant à plusieurs titres des chefs-d’oeuvre de comparatisme).
Cette ouverture d’esprit caractérise, il nous semble, ce recueil et les divers comparatistes qui y ont pris part. Ce n’est pas la carte, encore moins le territoire, mais c’est déjà une invitation au voyage. Et le comparatisme, qu’on le veuille ou non, doit désormais prendre le large..."
Translated title of the contributionFor a comparatism between arts
Original languageFrench
Title of host publicationVers un nouveau comparatisme
EditorsAntonio Dominguez Leiva, Sébastien Hubier
Pages413-427
Number of pages15
Publication statusPublished - Mar 2012

Keywords / Materials (for Non-textual outputs)

  • Comparative literature

Fingerprint

Dive into the research topics of 'For a comparatism between arts'. Together they form a unique fingerprint.

Cite this